« C’est seulement quand vous vous abreuvez au fleuve du silence que vous chantez réellement. » Khalil Gibran
Le bio-acousticien Thierry Aubin a étudié des années durant le chant de l’alouette pour comprendre ce qui, dans celui-ci, codait l’information destinée à ses congénères. Il a enregistré le chant et l’a fait entendre à d’autres alouettes. Pour comprendre ce qui est réellement significatif dans ce chant, il a varié les séquences enregistrées. Si la réponse des autres alouettes s’était avérée différente en fonction de l’une ou de l’autre de ces variations, cela aurait signifié que la modification apportée était importante, signifiante. Il a tout d’abord modifié les fréquences du chant mais rien ne s’est passé. Puis il en a modifié l’intensité, et rien ne s'est produit. Il en a alors modifié la puissance, puis le rythme, puis la hauteur sans pour autant observer de changement. Les autres alouettes répondaient toujours de la même façon. Jusqu'au jour où Thierry Aubin entreprit de modifier la durée du silence qui espaçait les séquences de notes. C'est alors que les réponses des alouettes furent toutes autres. Ainsi raconte-t-il, "il nous a fallu dix ans pour comprendre que ce qui importe dans le chant de l’alouette, c’était le silence ! »
Dans nos sociétés, l’homme redoute le silence. De peur d’avoir à faire face au vide, il tente de le remplir par quantité de distractions. Mais s’il acceptait de le contempler, il pourrait ressentir que le vide est empli de vibrations, d’informations et ainsi changer la perception qu’il en a. De la même manière que l’espace noir entre deux étoiles est en réalité rempli de lumière, le silence avant le retour de l’écho est rempli de sons. C’est une question de perception. À nous de savoir être attentifs à la réalité vibratoire qui subsiste même quand nous ne la percevons plus.
L’immobilité, le vide et le silence sont des illusions. Le vide n’est pas vide, il est simplement non visible car ses deux composants, la matière et l’antimatière, vont simultanément dans deux sens exactement opposés. Le physicien Marc Henry emploie une métaphore éloquente pour définir la structure du vide. « Imaginez deux groupes sur une plage qui tirent d’un côté et de l’autre d’une corde, si les deux groupes ont la même force, ils ne bougent pas, ils sont immobiles. Cette immobilité donne l’illusion qu’il n y a aucun mouvement, aucune force, aucune énergie. De la même manière, l’espace est vide, car ce dernier est sous tension de deux forces antagonistes qui s’équilibrent parfaitement. Parcequ'on ne voit pas le mouvement, on dit qu’il n’y a rien, mais ces deux forces existent. Ce sont la matière et l’antimatière. Elles existent mais ne sont pas encore visibles. »
De la même manière, le silence en vous n’est pas silencieux. Il est plein de vibrations, d’énergies, de musique. Le silence est le juste équilibre entre compression et décompression, entre charge et décharge énergétique, entre le haut et le bas de l’onde. C’est l’harmonie parfaite entre yin et yang, entre haut et bas, entre entropie et syntropie, entre matière et antimatière. Le silence est l’horizon, le zéro magnétique affranchit des polarités de la dualité. Le silence est l’unité.
En méditant, nous pouvons retrouver l’immobilité et le silence du vide intérieur pour parvenir à l’harmonie absolue. Fermez les yeux, respirez profondément, relaxez vous ainsi quelques minutes puis écoutez le silence de votre coeur, goûtez la paix intérieure. Ressentez le soleil vibrant, cette immobilité, ce vide plus puissant qu’un trou noir. C’est la porte vers les étoiles. Dans les ténèbres, armés d’amour de confiance et de joie, la voix, le corps et l'esprit sont à l’unisson.
Le poète Khalil Gibran écrivait : « La vérité de la musique est dans ce foisonnement qui persiste dans tes oreilles après que le chanteur s’arrête et que le musicien cesse de gratter ses cordes. » Le Big Bang a généré l’espace-temps, un son qui a créé tous les autres. En nous connectant à notre être intime, au silence intérieur, nous nous rapprochons de la source et retrouvons cette unité, cet amour, ce son primordial.
Carl Gustav Jung disait : « Ceux qui regardent à l’extérieur rêvent, ceux qui regardent à l’intérieur s’éveillent. »
François-Marie Dru, juillet 2020.
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